Une lecture dans le cadre du programme des Lectrices Charleston 2021, un récit poignant, de ceux qui marque votre vie de lecteur/lectrice très longtemps et qui vous hante !
Résumé
Autrice : Ondine Khayat
Maison d'édition: Lilly Charleston
En libraire le 14 Avril 2021
« Là où s’épanouit le jasmin se trouve la première clé. »
Tel est le dernier message laissé à Taline par Nona, sa grand-mère, qui l’a élevée, guidée, accompagnée à chaque étape de sa vie. Celle qui lui a appris à reconnaître tout un univers subtil d’odeurs – chèvrefeuille, amande, terre mouillée... – et à les associer pour créer de nouvelles fragrances. Maintenant que Nona est morte, Taline, terrassée par le chagrin, est seule à la tête de l’entreprise de parfums créée par sa grand-mère.
Sous le massif de jasmin du jardin, elle découvre un carnet en cuir rédigé par Louise, son arrière-grand-mère. Au fil des pages, défile sous ses yeux tout un pan de son histoire familiale : le génocide arménien, la peur, l’horreur, l’exil, mais aussi l’espoir et la renaissance. En levant le voile sur les secrets et les traumatismes du passé, Taline souhaite se libérer enfin des cauchemars qui la hantent pour pouvoir vivre sa propre vie.
De Beyrouth à Paris, un roman puissant et empli de poésie, inspiré de l’histoire familiale de l’auteure, qui évoque les liens mères/filles, la transmission des traumatismes et rend hommage à la capacité de résilience de l’être humain.
Mon avis
Existe-t-il des mots assez puissant pour exprimer la richesse et le déferlement d’émotions que je viens de vivre ? C’est avec une écriture poétique qu’Ondine Khayat nous transperce le coeur. Un coup de coeur, de ceux qui vous hantent longtemps.
« Colle ton oreille au monde, et écoute l’histoire de l’enfance évanouie, qui a cherché dans ses ruines le chemin de sa mémoire… » Le Parfum de l'Exil. p137.
A la mort de sa grand-mère Nona, Taline va effectuer un voyage intérieur via trois carnets que celle-ci lui a laissés. Un héritage sur ses origines, une quête de soi et une manière pour Nona de permettre à sa petite-fille de reconstituer le fil de sa vie. Le roman va ainsi alterner entre le présent de Taline et le passé de Louise, son arrière-grand-mère. Tel un parcours initiatique et de sensation, Taline va pouvoir comprendre d’où elle vient et les répercutions que peuvent avoir des décisions prises plusieurs générations auparavant.
« Les racines sont ce qui te porte vers le ciel. Elles sont le socle depuis lequel tu peux prendre ton envol. (…) Sans racines, nous volons de manière désordonnée, en nous lassant porter par le vent. C’est pour cela qu’il faut toujours se souvenir des paysages de son enfance. » Le Parfum de l'Exil. p114.
Cette lecture m’a transpercé, j’ai senti chaque parfum décrit, du brin de lavande au citron en passant par les odeurs d’épices. Chaque page est une invitation de l’autrice à l’immersion totale dans les saveurs et les parfums qui y sont dépeints avec une finesse incroyable. Taline m’a touché par sa sensibilité. La manière dont elle se réfugie derrière les odeurs est un parallèle avec son arrière-grand-mère qui elle-même s’y réfugiait. La poésie des parfums est retranscrite avec des mots si justes qu’ils touchent en plein coeur le lecteur. Mais c’est également par ses propres choix, ses convictions et sa libération face à l’oppression qu’elle subit qui m’ont le plus bouleversé. Elle prend son temps, malgré les avertissements de ses proches et sa récente prise de conscience, mais elle réussira à se libérer de la même manière qu’elle découvre qui elle est avec les carnets. Mais si Taline m’a touché, Louise m’a bouleversé. De son enfance joyeuse à l’exil forcé et aux épreuves difficiles qu’elle a subi, Louise est le pilier de sa descendance, celle par qui tout commence. La vie ne l’aura pas épargnée mais elle s’accrochera à elle comme les mots sur du papier. Ses nuages seront toujours avec elle et pour autant elle réussira à trouver la force nécessaire pour poursuivre sa route. Les mots seront un fil conducteur, de la même manière que les odeurs conduiront les personnages à la résilience et au pardon, mais surtout à la paix.
« En la regardant, les mots de grand-père le revinrent en mémoire: « Tu aurais été bien différente si tu avais pris vie en Afrique. Mais l’expression qui se peint sur ton visage ressemble à ce que tu es. Peu importent les monts, les vallées, grandes ou petites, peu importe la forme et la couleur de la roche, ce sont toujours les sentiments qui les modèlent. Ces sentiments, parce qu’ils prennent naissance dans ton coeur, sont l’expression de ce que tu es. » ». Le Parfum de l'Exil. p235.
Ce roman est incroyable par la plume de l’autrice, la force du récit et les personnages poignants qui y sont dépeints. Rare sont les récits traitant du génocide Arménien et il est nécessaire et important de faire se devoir de mémoire. Un coup au coeur.
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